Oltean · 2 septembre 2011 à 23:56 · 173 photos 166 messages · 32 participants · 36 065 affichages | | | 2 septembre 2011 à 23:56 · Modifié le 4 sep. 2011 à 20:32 Grand Ouest américain - le meilleur et le pénible Message 1 de 166 · Page 1 de 9 · 14 376 affichages · Partager Nous avons patiemment attendu que notre fille soit en âge de voyager pour renouer avec la tradition des vacances lointaines. Cinq longues années à ronger notre frein... Maintenant qu'elle va sur ses six ans, le moment est venu de choisir la destination de nos rêves. Ce sera un séjour aux Etats-unis. Pour une première visite nous avons choisi un petit circuit classique en prenant soin de suivre les conseils "voyager aux USA avec enfant" trouvés sur ce forum.
La première partie nous emmènera en Arizona et en Utah depuis Las Vegas. Ensuite nous visiterons la côte Ouest de Los Angeles à San Francisco. Nous vous invitons à partager ces quelques pensées sur ces trois semaines d'explorations, émaillées de quelques déconvenues...
Alors voilà, here we go...:)
Après un long voyage voici donc Las Vegas. Cette ville n’est pas un but. Jamais je n’aurais imaginé passer tant de temps dans un long-courrier, subir une escale ennuyeuse à New York et emprunter un vol domestique de la Delta pour visiter la capitale du toc, du kitsch et du fric. Mais le vaste circuit que nous avons établi depuis Paris, grâce aux guides et au VF, nous a naturellement désigné la métropole du Nevada comme point d’arrivée.
Passer quatre journées dans ce que j’imagine être une kermesse exaspérante ne m’enchante pas, mais la perspective inverse de cuver mon décalage horaire sur les highways américaines, ajoutant le stress de la conduite au sommeil, m’apparait pire encore.
Dès le premier jour, je m’aperçois que je suis me suis trompé. Las Vegas n’est pas la foire au pire que j’imaginais. Les vastes casinos sont bel et bien là, mais baignés par une atmosphère plutôt agréable, plongés dans une perpétuelle pénombre et sans musique agressive. Je sais parfaitement que cet écrin de douceur cherche à retenir le joueur en abusant ses sens pour mieux le plumer. Mais moi, qui ne joue pas et me contente d’explorer l’endroit, je reste séduit par le soin apporté aux grands hôtels. Tout y flatte l’œil, les plantes gigantesques et les aquariums bigarrés, la démesure des imitations ou des boutiques de luxe.
La topologie de Las Vegas est simple. Les casinos et les hôtels qui les hébergent (à moins que ce ne soit l’inverse) sont alignés de part et d’autre d’un long et large boulevard nommé « strip ». Le tourisme consiste à descendre ou remonter le strip en visitant les palaces qui y sont installés. Surprise, la chaleur n’est pas si intense quoi que j’aie pu lire à ce sujet : rien à voir avec ce que j’ai pu vivre en Egypte ou dans certaines villes du sud de l’Europe où l’alliance entre soleil, pollution et puanteur était simplement intenable. Par ailleurs il faut savoir que les casinos-hôtels sont souvent reliés l’un à l’autre par des couloirs climatisés, somme toute l’on peut visiter le strip sans souffrir à l’excès du soleil.
Notre palace, The Mirage, se révèle assez sobre, et héberge même des restaurants intéressants. Mais on ne comprend pas très bien la thématique du lieu : aquarium, ménagerie, parade de dauphins, piscine (pour humains), jungle tropicale et vrai-faux volcan sont les attractions offertes. Est-ce un palace sponsorisé par Ushuaïa ?
L’aquarium, derrière le comptoir d’accueil, est sans grand intérêt malgré sa dimension, d’autant plus qu’on trouvera bien mieux au Mandalay, dont je parlerai plus loin. Pour ceux que cela intéresse, la ménagerie entretient quelques félins albinos. Quand nous y sommes allés, comme dans toutes les ménageries de l’univers, les tigres et autres lions dormaient paisiblement ou se déplaçaient d’un air las. Si la parade de dauphins (payante) est classique et sans surprise, il ne faut surtout pas oublier de prendre l’escalier et descendre sous le bassin pour contempler les cétacés à travers de vastes hublots, le principal attrait du lieu.
La piscine est une réussite avec ses bassins généreux, sa vraie cascade, ses jeunes sauveteurs et sauveteuses en une pièce rouge droit sortis de Bay Watch. Et devant l’hôtel, tous les soirs un volcan entre en éruption : jeux d’eaux et de feu au son d’une mélopée tribale.
En quittant le Mirage pour l’autre côté du strip, le Venetian offre une gigantesque surprise : dans une aube éternelle – tel est l’effet étonnant produit par l’éclairage du lieu, surmonté d’une immense et artificielle voute céleste – un véritable canal empli d’eau sillonne le quartier marchand. Quelques gondoles se trouvent là, dans l’attente de touristes. En se promenant dans les ruelles l’on trouve une reconstitution de la place Saint Marc, toujours avec ce ciel en trompe l’œil plus vrai que nature. L’on a beau être allergique aux tics et aux paillettes, la reconstitution laisse baba. J’ai rarement ressenti cette impression d’avoir abdiqué tout repère d’heure et d’endroit. Jet lag aidant, je me serais cru sous l’emprise d’une drogue planante ou à côté de Di Caprio dans une scène d’ Inception.
En descendant le boulevard voici le Caesar palace dont le luxe pseudo-latin ne me touche pas. Le palace est célèbre depuis le film The Hangover (en français, Very Bad Trip), tout comme le Bellagio l’est devenu avec Ocean’s eleven. Le spectacle est dehors, avec la fontaine géante (le plus grande du monde ?) qui entrecroise jets et effets au rythme de " Con te partiró". J’avoue mon faible goût pour la reconstitution de Paris dans le palace homonyme, pas vraiment impressionnante avec sa Tour Eiffel et son Arc de Triomphe flanqués d’une fausse montgolfière. Quel intérêt ? L’intérieur fait songer à Amélie Poulain, c’est dire. Pas très loin de là, le Flamingo fonde sa communication sur les véritable flamants roses de sa ménagerie. C’est aussi le problème, car du coup le casino sent la volaille – de là à se faire plumer... quant aux flamants ils sont là et bien roses. Leur rendre visite est déjà bien suffisant tant leur contemplation est barbante – connaissez-vous animal plus patibulaire ? La palourde, peut-être... Alors, un séjour au Flamingo, non merci.
Je ferai un peu le même constat que pour Paris avec le New York, New York. L’esprit new-yorkais et si éloigné de la superficialité végasienne que le mélange fait flop. Ou alors, à réserver aux gens qui n’aiment pas la Grosse Pomme, rien ici ne viendra mettre en question leurs certitudes.
A deux pas de là, l’ Excalibur fait craindre le pire avec son moyen-âge de carton-pâte et son sous-sol dédié à un casino pour enfants. A noter que les gamins ne gagnent pas de sous, évidemment, mais des tickets que l’on échange en fin de parcours contre des babioles. L’ Excalibur héberge un bar très connu où l’on vient pour se faire insulter : idée stupide sans doute mais qui je ne sais pourquoi flatte agréablement une part de mon esprit, peut-être parce qu’elle s’oppose à l’image lisse et niaise trop souvent offerte par la ville.
Le Luxor (vu dans Mars Attacks) oublie la demi-mesure avec sa forme de pyramide égyptienne gardée par un sphinx et ses statues gigantesques imitées d’Abu Simbel. Mais que l’intérieur déçoit, tant l’endroit semble vide ! C’est beau de faire une pyramide, encore faut-il pouvoir la remplir... Oubliez les ascenseurs qui montent de travers : l’expérience inoubliable promise par le Guide du Routard (qui on le verra ne lésine pas sur les âneries en tout genre) ne vaut décidément pas le déplacement. Enorme, tape-à-l’œil et en définitif creux : une bouffissure endémique.
Divine surprise avec le Mandalay Bay, palais pour une fois de bon goût. Les architectes ont été inspirés par l’Asie et la sagesse indiennes. Fontaines discrètes, murs amples et plus vrais que nature, ambiance pénétrée de rumeurs de jongle. Le Mandalay Bay abrite un fort bel aquarium que l'on parcourt avec ravissement. L'on y trouve un espace réservé où les enfants peuvent toucher quelques animaux marins : roussettes, raies et même limules, arthropodes venus de la nuit des temps et maladroitement appelés « crabe fer à cheval », car, n’importe quel amateur un peu éclairé vous le confirmera, ce n’est certainement pas un crabe. Une belle découverte pour le plus réussi des palaces.
| | À: Oltean · 3 septembre 2011 à 7:43 Re: Grand Ouest américain - le meilleur et le pénible Message 2 de 166 · Page 1 de 9 · 14 336 affichages · Partager Salut
Chouette encore un carnet sur les US. De plus vous allez l'air de ne pas avoir tout apprécié donc je sens que ça va déménager .
Alors, un séjour au Flamingo, non merci.
Je pense que tu as tort . J'ai fait 3 séjours à Vegas et 4 hôtels: l' Excalibur, le New York, le Mirage et le Flamingo. En rapport qualité prix c'est le Flamingo qui m'aura le plus séduit: pour 80$ une chambre toute neuve avec vue sur les fontaines du Bellagio.
l’expérience inoubliable promise par le Guide du Routard (qui on le verra ne lésine pas sur les âneries en tout genre) ne vaut décidément pas le déplacement.
là tu me confortes dans l'idée qu'acheter un guide (du genre celui que tu cites ou autre) ne sert à rien! Je n'en ai jamais acheté et n'en achèterai jamais. A l'ère d'internet on trouve tout gratuitement sur le net et beaucoup plus complet. Par exemple, je fais beaucoup plus confiance à ma petite communauté VF qu'à ces guides quand j'ai besoin d'un avis! De plus, ici tu peux avoir plusieurs sons de cloche qui te permettent de nuancer un jugement.
@++ pour la suite | | À: Oltean · 3 septembre 2011 à 10:26 Re: Grand Ouest américain - le meilleur et le pénible Message 3 de 166 · Page 1 de 9 · 14 292 affichages · Partager Salut Oltean, Je ne lis jamais les textes sur Las vegas mais là je dois dire que tu m'as accrochée. Je me régale d'avance de la suite quand elle concernera des endroits qui 'intéressent! Bon courage pour la suite! Marie
@Thibaut : je ne serais pas aussi catégorique que toi à propos des guides papiers. Ca fait une base de débrouillage quand on ne connait rien d'un pays (mais rien de plus, je te l'accorde!). Trouver l'info dans VF demande souvent du temps et du savoir-faire. Je me rappelle avoir mis un certain temps avant de réussir à situer tous les parcs et avoir une idée de ce qu'ils offraient : une carte papier est d'ailleurs aussi bien utile pour avoir une vision d'ensemble. | | Hello Marie
Je suis sceptique quand même . Pour les cartes j'utilise Google Maps, ça me suffit pour ce que j'ai à faire pour la vision d'ensemble. Ensuite pour les parcs je vais nps.gov et en général il y a de bonnes cartes pour là aussi avoir une vision d'ensemble des trails. Je pense que le Routard ou autres n'offrent rien de plus.
Pour les endroits qui ne sont pas parc nationaux, je fais une recherche internet et c'est rare que je n'obtienne pas l'info que je cherche. Par exemple si je veux des infos sur un trail en particulier, je tape son nom et j'arrive dans 99% des cas à obtenir ce que je voulais.
Pour les infos sur les restos et/ou les hôtels je ne me laisserais absolument pas influencer par ce qu'ils disent dans un guide
M'enfin bon je conçois qu'on puisse avoir besoin de carte papier
@++
@++ | | À: Itat · 3 septembre 2011 à 14:50 Re: Grand Ouest américain - le meilleur et le pénible Message 5 de 166 · Page 1 de 9 · 14 247 affichages · Partager Bonjour Itat,
merci de me lire.
Je pense que tu as tort . J'ai fait 3 séjours à Vegas et 4 hôtels: l' Excalibur, le New York, le Mirage et le Flamingo. En rapport qualité prix c'est le Flamingo qui m'aura le plus séduit: pour 80$ une chambre toute neuve avec vue sur les fontaines du Bellagio.
Je note avec intérêt ton expérience. Nous n'avons pas dormi au Flamingo et mon article ne portait que sur la ménagerie du rez-de-chaussée, qui nous a déçue...
Je ne prétends évidemment pas détenir la vérité dans mes appréciations, n'étant que touriste de passage et donc forcément novice dans le domaine. Je ne propose dans ces quelques réflexions que les impressions d'un voyageur lambda parmi tant d'autres, sans doute naïves mais toujours sincères.
là tu me confortes dans l'idée qu'acheter un guide (du genre celui que tu cites ou autre) ne sert à rien! Je n'en ai jamais acheté et n'en achèterai jamais. A l'ère d'internet on trouve tout gratuitement sur le net et beaucoup plus complet. Par exemple, je fais beaucoup plus confiance à ma petite communauté VF qu'à ces guides quand j'ai besoin d'un avis! De plus, ici tu peux avoir plusieurs sons de cloche qui te permettent de nuancer un jugement.
Certainement, mais cela réclame du temps pour tout lire et faire le tri, chose déjà faite en principe par un guide. Ou, plutôt, un bon guide. Celui du Routard m'a surpris par ses approximations, que je signalerai ça et là dans mes articles.
A bientôt | | Bonjour Marie,
Je suis heureux que mon texte t'ait plu. J'espère que la suite saura retenir ton attention !
à bientôt | | À: Oltean · 3 septembre 2011 à 15:01 Re: Grand Ouest américain - le meilleur et le pénible Message 7 de 166 · Page 1 de 9 · 14 230 affichages · Partager Hello Oltean,
Les carnets ouest-américains se suivent mais ne se ressemblent pas et le tien a suscité mon intérêt : ton sincère, belle narration, écriture soignée ... je suis séduite et me réjouis d'avance pour la suite !
Bonne continuation.
Christine | | Salut Christine,
Les carnets ouest-américains se suivent mais ne se ressemblent pas et le tien a suscité mon intérêt : ton sincère, belle narration, écriture soignée ... je suis séduite et me réjouis d'avance pour la suite !
merci de ton message et de tes encouragements. A bientôt ! | | À: Oltean · 3 septembre 2011 à 15:45 Re: Grand Ouest américain - le meilleur et le pénible Message 9 de 166 · Page 1 de 9 · 14 193 affichages · Partager Mais où se trouve le « vrai » Las Vegas, celui avec les casinos d’antan et les néons étincelants ? Dans le Downtown, quartier distant d’une dizaine de kilomètres. Nous prenons le bus bizarrement nommé Deuce, comme au tennis.
Quelques touristes montent par la porte centrale réservée à la descente. Le chauffeur prend son micro et explique que les personnes désirant prendre le bus doivent le faire par la porte de devant. Les touristes ne bougent pas. Le conducteur répète son discours, ajoutant qu’il n’est pas question pour lui de reprendre la route tant que les gens ne montent pas par la seule porte autorisée. Une chose me frappe : il n’y a aucun affect dans sa voix, pas d’irritation ni le moindre énervement. Il se contente d’expliquer le règlement et invite calmement mais fermement les passagers à le respecter. Les récalcitrants rentrent dans le rang, nous pouvons repartir. Je compare avec nos habitudes bien françaises de râler et de s’énerver pour trois fois rien, même si ce comportement relève plus d’un jeu social que d’une réelle aigreur. De lointains souvenirs d’analyse transactionnelle me viennent en tête. Je me dis fugitivement que si les relations sociales à Paris adoptent un schéma Parent – Enfant, elles relèvent en Amérique de transactions Adulte – Adulte. Décidément, la magie de Vegas et le décalage horaires font de moi un vrai psychiatre en culottes courtes.
J’avais comme vagues images de Las Vegas, comme tout un chacun, un gigantesque cow boy en néons parmi d’autres enseignes lumineuses à l’ancienne mode. C’est bien au Downtown qu’on les retrouvera, avec les casinos historiques de l’après-guerre et son ambiance surannée qui rappelle les décors de L’ultime razzia du regretté Kubrick. L’endroit est moins chic que le strip, mais aussi plus humain. Sa vaste avenue piétonne, Fremont Street, offre une salutaire promenade entre ses magasins et moyennes surfaces. Le spectacle est aussi au-dessus des têtes. Le toit de l’avenue est un gigantesque écran de TV sur lequel chaque soir un spectacle original est donné : un son et lumière comme jamais on n’en a vus. Bien plus impressionnant en vérité que les pyramides en toc ou les flamants moroses...
Quelques téméraires adeptes de la tyrolienne glissent à vive allure le long d’un filin tendu au-dessus des passants. Simple et attachant à la fois ! Et on y mange pour moins cher que sur le strip. Les amateurs de buffet goûteront celui du Main Street Station au décor envoûtant.
A mi-chemin entre strip et Downtown, voilà la tour Stratosphere, plus haute que la Tour Eiffel, mais sans l’intérêt du panorama parisien. A part les hôtels illuminés pas grand-chose d’intéressant ne s’offre au regard à travers l’ample baie vitrée du sommet. Certains touristes s’essayent au manège terrifiant qui s’élance par-dessus le vide, d’autres s’assoient simplement dans le restaurant panoramique qui lentement tournoie au sommet. Nous n’avons tenté ni l’un ni l’autre.
Je suis venu à Vegas avec l’idée que la ville n’était pas chère pour retenir les joueurs et les inciter à dépenser leurs économies dans les machines à sous plutôt que dans les à-côtés. Dans mon esprit, le séjour dans cette ville pour le non joueur s’annonçait comme une sorte de promenade béate où l’on s’offrirait des T bone steaks à trois dollars arrosés d’une Bud quasi offerte. J’ai toujours en mémoire un vieil article où Siné (peu enclin à l’indulgence avec les Ricains) s’extasiait de la générosité évidemment intéressée mais bien réelle des restaurateurs végasiens.
Hélas ! Quelques heures sur place suffirent à me déniaiser. Les restaurants sont aussi chers qu’à Paris – ce qui ne veut pas dire grand-chose je vous l’accorde, on trouve de tout à Paris – mais pour les steaks à 3 dollars, il faudra repasser. Le tarif affiche aisément dix fois plus. Et comme les boutiques ne s’annoncent pas non plus des championnes des économies en tout genre, on a vite fait de laisser ses bretelles à Vegas, sans même avoir tordu le bras à un bandit manchot... La bouffe pas franchement bon marché, les boutiques non plus, il reste l’électronique et le matériel photo-vidéo, réputé plus abordable aux USA que chez nous.
J’entre dans une boutique photo pour consulter le prix d’un objectif Pentax. Mes pauvres zooms premier prix auraient bien besoin d’un remplaçant. Pauvre de moi ! Aucun tarif n’est affiché et le vendeur entreprend de me cuisiner pour cerner mon besoin et mon budget. Il recherche dans une étagère un objectif Sigma 18 – 200 mm qu’il fixe sur mon boitier.
Quelle différence ! L’image est plus lumineuse que jamais et l’objet m’autorise à passer du grand angle au gros plan sans changer de focale. Le prix ? 700 dollars, m’annonce le vendeur. C’est beaucoup trop, et en l’absence de point de comparaison je ne m’engage pas sur ce tarif. 600 ! m’annonce-t-il fièrement, en ajoutant qu’en Europe jamais je n’aurais ce tarif-là. Je ne suis pas convaincu. Le patron s’approche alors et me glisse d’un air confidentiel « je peux le sacrifier à 550 dollars ». En trois minutes, et sans même négocier, l’article a perdu 150 dollars... Sans doute prennent-ils ma légitime réticence pour une tactique d’acheteur.
Décontenancé par cette surenchère dans la décroissance et soupçonnant quelque transaction douteuse, je prends sur moi de tourner les talons en proférant une vague promesse de revenir. Alors que la porte se referme sur mon départ précipité j’entends une dernière fois la voix du patron : 500 pour vous !
Sans connaissance aiguë des produits et des tarifs, pas moyen de faire affaire dans ce genre de boutique attrape-gogos. Car en réalité l’objectif Sigma, je devais le vérifier plus tard, se trouve chez nous aux alentours de 200 euros – un peu moins de 300 dollars, taxes incluses.
| | À: Oltean · 3 septembre 2011 à 19:05 Re: Grand Ouest américain - le meilleur et le pénible Message 10 de 166 · Page 1 de 9 · 14 104 affichages · Partager Super début... !! je vais suivre tes aventures attentivement car je suis en préparation d'un voyage dans l' Ouest américain avec mes filles, elles aurons en Juillet 2012 5 ans 1/2 et 8 ans. Ton expèrience avec ta fille m'intéresse vraiment...j'attends la suite | | À: Island98 · 3 septembre 2011 à 21:29 · Modifié le 3 sep. 2011 à 21:47 Re: Grand Ouest américain - le meilleur et le pénible Message 11 de 166 · Page 1 de 9 · 13 953 affichages · Partager Bonsoir Stéphanie,
merci de ton aimable message.
Pour voyager avec notre fille, nous avons simplement suivi les bonnes idées piochées sur le forum... j'en parlerai par la suite mais voici déjà une synthèse :
* pas d'étape trop longue en voiture, au-delà de 4 heures cela devient difficile ("quand c'est qu'on arrive" et autres questionnements typiques), d'autant plus que nous ne voulions pas arriver quelque part le soir pour repartir en urgence le lendemain.
* éviter les voyages dans la chaleur infernale. A 5 ans, on se déshydrate vite et on n'a pas tous les réflexes pour boire assez.
Ceux deux premières contraintes nous ont fait renoncer (avec grands regrets) à au moins deux visites exceptionnelles ( Vallée de la mort et Yosemite), ce sera pour une autre fois.
Par ailleurs dans la mesure du possible nous n'avons choisi que des hôtels avec piscine. Un bon bain festif est idéal pour se remettre d'heures attachées à l'arrière sur un réhausseur (et une heureuse récompense pour le papa ayant mené sa famille à bon port).
Pour les visites, nous n'avons pas réalisé de longues randonnées. Là aussi, ce sera pour une prochaine fois. En revanche, les paysages de westerns sont suffisamment impressionnants pour divertir n'importe quel enfant de cet âge !
Encore une chose, nous avons évité les parcs d'attraction type Disney ou autre, pour privilégier les musées évocateurs (indiens, route 66, etc.) et l'observation de la nature (aquariums de Las Vegas au Mandalay ou de Monterey, éléphants de mer et otaries du Pacifique....). Seule entorse à ce principe, une journée chez Universal Studios, mais nous ne pouvions pas faire moins.
N’hésite pas si tu veux des compléments ! | | À: Oltean · 4 septembre 2011 à 11:09 Re: Grand Ouest américain - le meilleur et le pénible Message 12 de 166 · Page 1 de 9 · 13 865 affichages · Partager Las Vegas regorge de promesses pour le célibataire aisé ou le flambeur. N’entrant volens nolens dans aucune de ces catégories, famille et budget obligent, un séjour de quatre journées bien remplies est amplement suffisant pour se faire une première idée des possibilités de la cité. Un constat navrant : pas de culture, des divertissements. J’ai vu des magasins par dizaines mais pas la moindre librairie, pas plus de rayon musique classique. Je suis étonné de ce constat dans la mesure où en France l’on trouve des rayons culturels dans le moindre supermarché d’ampleur moyenne. Et j’en suis d’autant plus frustré que j’aime la culture américaine.
C’est donc avec un soulagement certain que je me rends chez Alamo prendre possession du véhicule réservé depuis la France. L’agent nous propose, pour une somme modique, de repartir avec un modèle d’une taille supérieure, « plus puissant, plus sûr ». Au diable l’avarice, c’est d’accord ! Siège enfant surmontant notre encombrant ensemble Samsonite, nous nous rendons dans le parking où nous attend le préposé à la location. L’homme jette un œil sur notre contrat et nous invite à choisir un véhicule parmi une allée bien remplie.
Je n’en crois pas mes oreilles : la dernière fois que j’ai loué une auto, dans l’un des plus grands aéroports français, on m’a mis dans les mains une clef de Fiat 500 en me précisant que ce modèle devrait me plaire, car de toute façon rien d’autre n'était disponible.
Et voilà qu’à Las Vegas je déambule entre deux rangées de gros 4 x 4 aux calandres étincelantes avec des pneus démesurés. Je ne sais où donner du regard. Il faut pourtant choisir : je privilégie une marque américaine (tant qu’à être au Far West, autant éviter les autos asiatiques) pour finalement adopter un imposant tout-terrains frappé d’une tête de bélier. Rien que son nom est une promesse : Dodge, modèle Nitro.
La transmission est automatique, mais de ce côté-là je suis depuis longtemps un adepte de la chose. De toute façon en Amérique il n’y a rien d’autre. Question pragmatisme, rien à redire. Les clefs sont sur le contact : nous chargeons les bagages, fixons le siège enfant et l’enfant qui l’occupe, nous voilà partis. Un dernier contrôle de sortie du parking me rappelle le carburant à utiliser (87 regular), la barrière s’ouvre, à nous la route !
Sauf le carburant, rien ne m’a été expliqué : ni le fonctionnement de la voiture, avec un tableau de bord parfois déconcertant, ni les subtilités du code de la route. Je ne doute pas que si j’avais posé des questions l’on m’aurait renseigné. Mais non, a priori le choix ici est de faire confiance aux individus. A chacun de prendre ses responsabilités et d’en assumer les conséquences en cas de problème. Je me fais la réflexion que cette approche me paraît très américaine. Je ne suis ni assisté ni pris pour un incapable.
Je suis conscient de mes responsabilités encadrées par des règles bien précises, à moi de faire ma vie dans ce cadre où personne ne viendra me chercher noise.
J’utilise enfin le GPS Tomtom que je prépare depuis la France. Il repère notre position sans coup férir et m’annonce la direction de Kingman, dans l’ Arizona. Kingman n’est qu’une étape sur la route du Grand Canyon. Ce n’est pas très loin (deux heures de routes) mais pour ce premier contact avec la conduite américaine j’ai prévu une durée raisonnable.
Je découvre tout : la signalisation, la façon de conduire des autres, le véhicule lui-même dont je dois apprendre à maîtriser les fringants chevaux. L’adaptation est facile. Je constate que la voiture qui me succède observe un écart confortable et ne risque pas de me percuter en cas de pépin. Je maintiens une généreuse distance de sécurité avec le véhicule que je suis.
Chose inimaginable en France, personne ne vient s’approcher exagérément de mon pare-choc arrière pour me convaincre d’accélérer ou de lui laisser le passage, quand bien même ma vitesse serait au maximum de ce que permet la signalisation.
En vérité jamais je n’aurai à faire ce triste constat au fil des 20 jours de conduite ininterrompue du séjour. Aucun conducteur n’est apparu pour m’invectiver parce que j’avais l’idée saugrenue de respecter les limitations de vitesse. Nul imbécile motorisé n’a entrepris de me terrifier par une queue de poisson pour assouvir je ne sais quelle frustration. J’ai ralenti à l’approche des villages sans que personne ne m’en fasse grief ni ne se venge d’avoir eu sa moyenne cassée en me doublant rageusement à la première occasion.
Je précise à l’usage des novices que ces considérations qui respirent l’évidence et la courtoisie ne sont pas la norme en France, ni même en Europe, Allemagne peut-être exceptée. Il suffit de voir avec quel culot nos automobilistes vomissent la présence des radars...
Je ne pense nullement qu’un prétendu caractère latin excuse un tel comportement. L’argument me paraît imbibé des plus communs préjugés. Après tout, ne suis-je pas aussi latin que mes compatriotes et outragé par leur comportement sur le bitume ?
Je ne crois pas une seconde que les Américains soient plus intelligents que nous, si une telle hypothèse avait du sens. J’ai le sentiment que le respect des lois est dû à la conscience nette d’une autorité peu encline à l’indulgence. Je ne donne pas cher du petit rigolo qui se ferait chiper à faire des arabesques avec son 4x4 sur une autoroute de l’ Utah. Attitude à comparer à celle de nos braves pandores qui observent sans broncher les usagers excéder les limites dans une mesure parfois confortable. Chez nous, la limitation de vitesse est davantage un conseil, un vague point de repère que chacun interprète selon son humeur, un aimable jalon au même titre que les pancartes publicitaires de nos arrêts de bus ou les figurines de Mickey aux abords de Marne la Vallée.
Dès le premier carrefour, le ton est donné. « RIGHT LANE MUST TURN RIGHT », dit la pancarte. Le verbe must est écrit en caractères plus gros que le reste de la phrase.
Imaginerait-on en France le simple panneau « LES VEHICULES SUR LA FILE DE DROITE DOIVENT TOURNER A DROITE » ? Impensable sous peine d’accusation probable de fascisme larvé. Nous ne sommes même pas capables d’afficher dans l’autobus la simple et évidente obligation de valider son ticket : voir le désolant et désopilant « dans le bus, je valibus » qui ornait il n’y a pas si longtemps l’intérieur de nos transports en commun franciliens, devise obtuse si l’en est. J’ai vu des touristes allemands fiévreusement chercher dans leur lexique le chimérique verbe « valibusser ».
Quant à l’obligation de tourner à droite quand la signalisation y contraint l’usager, elle fera bien rire les automobilistes français qui n’utilisent de telles files en général que pour tracer droit et dépasser les traînards dans mon genre, placés au bon endroit et béatement respectueux d’un truc ringard nommé code de la route.
| | À: Oltean · 4 septembre 2011 à 16:41 Re: Grand Ouest américain - le meilleur et le pénible Message 13 de 166 · Page 1 de 9 · 13 801 affichages · Partager j'ai hâte de lire la suite car tous les carnets de voyage dans l'ouest us sont une mine d'infos mais surtout car je suis en train de préparer mon circuit pour juillet 2012 avec notre garçon qui aura presque 7 ans à ce moment là! comme vous, nous avons attendu que notre fils soit assez grand pour nous accompagner en voyage...et nous avons aussi choisi l'ouest us sauf que nous ne ferons pas la côte (une prochaine fois avec moab) et qu'on fera le yellowstone! c'est une vraie organisation de voyager avec des enfants sutout à cette période avec la chaleur, donc, je vais relever toutes les indications utiles ! | | Super texte et superbes photos, je mets ce carnet dans mon fil de discussions suivies. C'est intéressant à lire. Nous avions choisi sciemment de ne pas faire de crochet par Vegas. Mon mari connaissait déja et j'avoue que ça ne m'attirait pas plus que ça. Mais ton texte me dit que je pourrais le mettre au programme d'un prochain voyage. Affaire à suivre. Je me réjouis de lire la suite de vos aventures. | | À: Oltean · 4 septembre 2011 à 18:38 Re: Grand Ouest américain - le meilleur et le pénible Message 15 de 166 · Page 1 de 9 · 13 749 affichages · Partager Merci pour votre excellent carnet de voyage! Je n'y crois jamais arriver mais permettez-moi d' etre votre compagnon sur le voyageforum :)! | | Bonsoir Clémence,
Je comprends votre choix de ne pas visiter la côte, c'est aussi ce qui a le moins intéressé notre fille (sauf Universal Studio pour les dinosaures bien entendu). Je pense que vous trouverez toutes les infos utiles sur ce forum, au besoin n'hésitez pas à demander des précisions ! | | À: Dalva · 4 septembre 2011 à 20:43 Re: Grand Ouest américain - le meilleur et le pénible Message 17 de 166 · Page 1 de 9 · 13 680 affichages · Partager Super texte et superbes photos, je mets ce carnet dans mon fil de discussions suivies.
Merci Isabelle de votre opinion ! Cela m'encourage à poursuivre la publication.
C'est intéressant à lire. Nous avions choisi sciemment de ne pas faire de crochet par Vegas. Mon mari connaissait déja et j'avoue que ça ne m'attirait pas plus que ça. Mais ton texte me dit que je pourrais le mettre au programme d'un prochain voyage.
Oui, en fait c'est le sentiment que je m'efforce de partager, un a priori négatif que j'ai revu sur place. Las Vegas n'a jamais été un rêve pour moi et je ne pense pas y revenir exprès, mais je suis content d'avoir vu la ville et certaines de ses attractions.
Affaire à suivre. Je me réjouis de lire la suite de vos aventures.
Merci, j'espère qu'elle vous plaira ! | | À: Nickro · 4 septembre 2011 à 20:46 Re: Grand Ouest américain - le meilleur et le pénible Message 18 de 166 · Page 1 de 9 · 13 676 affichages · Partager Merci pour votre excellent carnet de voyage! Je n'y crois jamais arriver mais permettez-moi d' etre votre compagnon sur le voyageforum :)!
Merci à vous de me lire. Je serai heureux d'avoir votre avis sur les prochaines publications ! | | À: Oltean · 4 septembre 2011 à 21:02 Re: Grand Ouest américain - le meilleur et le pénible Message 19 de 166 · Page 1 de 9 · 13 659 affichages · Partager effectivement après réfléxion et vu les intérêts de la famille et de notre fils qui aura 7 ans, nous nous sommes naturellement orienté vers le yellowstone avec ses geysers et ses animaux reportant les villes de la côte à dans 1 ou 2 ans, je pense que cela l'intéressera davantage; vous allez donc dans notre sens, cela me rassure! j'ai déjà lu beaucoup de choses sur ce forum et j'ai déjà récolté pas mal d'infos, mais si j'ai besoin, je n'hésiterais pas, merci à vous... dans l'attente de vous lire... | | À: Oltean · 4 septembre 2011 à 23:01 Re: Grand Ouest américain - le meilleur et le pénible Message 20 de 166 · Page 1 de 9 · 13 631 affichages · Partager Confortablement installé à mon poste de pilotage, je me laisse porter par cette rétrospection un peu lénifiante alors que le GPS affiche le drapeau à damier. Cela signifie que notre destination, l’hôtel Quality Inn de Kingman, est désormais droit devant. Et pourtant, nous venons juste de quitter Las Vegas. L’hôtel se trouve donc en bordure de cette large voie de passage ? J’ai un peu de mal à me faire à cette idée, quand la force de l’habitude me préparait à emprunter des chemins détournés traversant faubourgs et zones industrielles pour parvenir à destination.
La highway est à mi-chemin entre nos nationales et nos autoroutes. Les deux chaussées ne sont pas séparées, mais la vitesse limite est de 65 miles (105 kilomètres) par heure. Je remarque de temps à autre une pancarte « Adopt a highway ». Il serait donc possible de parrainer, si je comprends bien, la route que nous empruntons ? Et c’est bien le cas, je m’en persuade en lisant sur ces mêmes pancarte l’identité des adoptants : entreprises, particuliers, familles entières ou groupe d’amis voulant honorer la mémoire d’un cher disparu. Je me demande un instant si je ne vais pas demander, moi aussi, à faire apparaître mon nom au bord d’une improbable chaussée yankee...
Nous passons à proximité de Hoover Dam, énorme barrage construit pendant la dépression des années 30, sans nous arrêter. L’ Arizona nous accueille par un ciel noir qui finit par crever en trombes abondantes. Comment est-ce possible, après la belle chaleur estivale de Vegas encore toute proche ? Me voilà en short et chemisette au plein cœur d’une tourmente inondant de grosses gouttes mon pare-brise, tel celui de Janet Leigh en fuite dans Psychose...
A travers deux coups d’essuie-glace nous identifions enfin le panneau haut perché qui annonce l’hôtel. Je me range devant la réception et m’apprête à affronter la bourrasque qui me sépare de l’entrée. Passeport et carte de crédit en main, sac de voyage dans l’autre, je m’élance vers le hall, atteins le porche, vais tendre la main vers la poignée salutaire... et tombe à la renverse dans un ignoble clapotement. Le carrelage glissant m’a pris en traître et, déséquilibré par la petite valise que j’ai voulu emporter pour gagner du temps, me voilà à terre, une douleur exquise et subite dans les lombes gauches. Je jette un œil à la voiture, espérant un prompt renfort de mes accompagnatrices, mais elles n’ont rien vu de mon salto arrière digne de Candeloro au pire de sa forme. A travers le grain je les discerne, bien douillettement installées dans la Dodge, inconscientes du drame qui me mortifie le râble et l'amour-propre.
Le réceptionniste accourt avec des cris désolés et me remet sur pieds. Il semble étonné que je n’aie rien de grave et me regarde avec commisération, puis jette un œil sceptique sur mes sandales Decathlon. A cette seconde précise je prends la décision d’acquérir de vraies chaussures à la première occasion.
Clopin-clopant, je vais faire le check-in, malgré mon passeport détrempé que je mettrai à sécher le soir même.
Notre chambre se trouve dans un bâtiment séparé. Je reprends donc la petite valise et rejoins le 4x4, cette fois-ci à allure modérée.
La ville étape de Kingman est notre tout premier contact avec l’Amérique profonde. La tempête dissipée révèle les grands espaces entrevus depuis la voiture. Finis les gratte-ciel, la foule empressée, les attractions et les palaces. Nous passons sans transition du somptueux Mirage à une chambre simple, au premier étage d’une baraque sans fioritures. Deux lits, une télévision, internet gratuit, salle de bain et coin cuisine pour moins de 45 euros.
L'acteur Andy Devine, fils du pays, donne son nom à l'avenue où se trouve l'hôtel. "Obscur acteur de westerns de série B", affirme sans broncher le Guide du Routard. On trouve pourtant le nom d'A. Devine au générique de Stagecoach et The Man Who Shot Liberty Valance, deux grands classiques de John Ford.
De nouveau d’attaque, malgré l’hématome désormais installé dans toute la partie gauche du dos, je reprends le volant pour visiter le quartier. La petite ville est étendue, aucun édifice de grande taille ne vient gâcher la vue du désert alentour.
Je me rends compte que ce n’est pas du tout ce que j’imaginais. A mon insu, mon esprit avait construit l’image d’une sorte de ville de province française, avec des bâtiments en pierre, une place centrale avec son église, ses petits commerces. Je me retrouve dans un endroit placide et ample où villas et immeubles de bureau se partagent l’espace. Les rues sont rectilignes et se recoupent toutes à angle droit. De partout l’on distingue largement le ciel dans toutes les directions. Nous ne voyons pas grand monde.
Les commerces, pas très loin, ne sont accessibles que depuis l’autoroute. Voiture obligatoire. Nous visitons quelques magasins, étonnés par les prix. Tout est moins cher que chez nous. A la réflexion, je me dis que le tarif affiché correspond à peu de choses près aux prix français d’avant la hausse du passage à l’euro.
Dans le Walmart du coin, je me mets en quête d’une paire de chaussures. Le choix ne manque pas mais je ne suis pas séduit par des modèles criards et pseudo-technologiques qui semblent sortir de la série Goldorak. Mon choix se porte sur des chaussures sobres. Je ne connais pas l’équivalent de ma taille et les essaye au jugé. Par chance, elles me vont comme des chaussons, enveloppent agréablement mes pieds et se referment par un système Velcro tout simple que je n’avais encore jamais vu. Et tout cela pour moins d’une quinzaine d’euros... Un polo à 2 dollars complète mon panier.
Pour le souper, nous choisissons ce qui semble être un simple diner mais qui s’avère être un buffet populaire. Après les excès de Las Vegas, ce n’est pas ce que nous recherchions. Tant pis ! Nous payons le droit d’entrée et nous installons en salle.
Dorénavant, toute la nourriture disponible est offerte à volonté. Et ce n’est pas ce qui manque : légumes, poisson, poulet, viandes rôties, soupes, pâtes, pizzas, tourtes, desserts et fruits frais s’alignent généreusement le long de présentoirs. Nous restons raisonnables et privilégions la dégustation par échantillonnage. Dommage que la viande soit si sucrée, mais la qualité générale est plutôt recommandable. Je commande un plat de crevettes à la cajun, agréable sans être exceptionnel. Je constate que les autres convives, visiblement des habitués, ne sont pas les obèses que j’imaginais trouver dans un tel lieu. Il y a des personnes grosses, bien sûr, mais je ne saurais dire si j’en vois plus ici qu’en France. La plupart des gens sont même plutôt minces à mon étonnement.
Kingman cultive le souvenir de la Route 66 qui traverse la ville. Nous visitons un musée consacré à « la mère de toutes les routes » qui permit jadis de relier l’Est et l’Ouest. L’endroit reconstitue avec imagination des scènes typiques des grandes époques de la 66 : au temps des pionniers, de la Dépression ou de l’après-guerre triomphant. Un endroit ludique et accueillant, simple et belle invitation au partage, avec une pointe de nostalgie.
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